Jean Christophe ALLUIN
KoSmïk MuZïk - Septembre 2013
Voici le premier disque d'un groupe dont la création ne remonte qu'à 2011. Formation récente donc, qui a su garder toute son énergie initiale pour cet enregistrement.(...)
Beaucoup s'attarderont sur ce Caillou
pour la présence de Philippe Gleizes que certains viennent de découvrir à l'occasion de sa participation aux concerts d'Offering. Il ne faudrait cependant pas oublier son travail depuis de nombreuses années aux côtés de Médéric Collignon, sa participation à United Colors of Sodom (...) ou son propre Gleizcrew. Les autres protagonistes, également autodidactes (pas de hasard), n'ont certes pas un CV aussi relevé (dans les styles que nous évoquons ici) mais Caillou plus qu'une somme d'individualités recherche le son et l'impact d'un groupe et force est de constater que le résultat est à la hauteur de cette volonté.
Caillou se situe dans la droite ligne de ce qu'on appelait le jazz-rock avant qu'il ne dégénère en un concours de chorus aux visées olympiques. Retour au tout début des années 70 avec une musique à haute teneur énergétique : ça joue vite, ça joue fort même si le groupe s'accorde parfois quelques passages plus climatiques (le très réussi Spirales aux motifs répétitifs composé par Rudy Blas le guitariste du groupe, où Philippe Gleizes, sur le final, me fait furieusement penser à Tony Williams !).
Pour ceux qui aiment les assimilations faciles, Caillou ne fait pas partie de ces groupes "para-zeuhl" qui érigent quelques clichés magmaïens en système de composition. Il y a certes des clins d’œil, la présence du Fender joliment tenu par Mathieu Jérome, la basse parfois topienne de Charles Lucas et bien sûr, le jeu de Philippe Gleizes qui est, pour moi, le batteur qui a le mieux compris et assimilé le jeu et l'énergie du Christian Vander de la première époque, sans tomber dans le plagiat de par sa quête constante.
Voilà un disque qui constitue le parfait point de départ d'une aventure que l'on espère longue et fructueuse. Il serait dommage de passer à côté...
Lionel ESKENAZI
JAZZ MAGAZINE - Octobre 2013
Ami lecteur, si vous êtes fan de jazz-rock progressif et admirateur de King Crimson et de Magma, voici un disque qui va vous interpeller. Il s'agit d'un nouveau groupe emmené par le batteur Philippe Gleizes, compagnon de route de Médéric Collignon depuis la période Chief Inspector jusqu'au récent projet King Crimson du Jus de Bocse (dont le batteur Bill Bruford avait salué le talent dans nos colonnes!) et nouveau batteur de Offering, groupe que Christian Vander a reformé récemment. (...)
Caillou est composé de quatre pierre précieuses qui brillent particulièrement sur leurs guitare, clavier, basse électrique et batterie. Une belle énergie de groupe qui produit une musique extrêmement dense avec des ambiances sonores expressives suggérant un univers onirique en référence au cinéma fantastique (Victor F. pour Frankenstein et Les Carpates pour Dracula)
Une musique (...) qui a le mérite d'être cohérente et de déployer une énergie volcanique!
Christophe ROSSI
BATTEUR Magazine - Novembre 2013
Avec ce projet, Philippe Gleizes assume ses influences. On a pu l'entendre s'approprier le répertoire de King Crimson avec Médéric Collignon, et Christian Vander l'a récemment recruté pour la reformation d'Offering. "Caillou" est réminiscent d'une certaine forme de jazz-rock-prog européen, mais le batteur, avec son quartet, adopte une approche très personnelle, plus organique que cérébrale, qui s'en plaindrait? "Caillou" n'est pas un objet lisse, c'est plein d'aspérités, de rugosité, d'énergie brute parfois tempérée par une bonne dose d'humour, et, disons-le de poésie. Une démarche qui m'évoque le Robert Wyatt "d'avant", lorsqu'il jouait encore de la batterie. La maitrise de cet instrument est époustouflante chez Philippe Gleizes, mais se fait toujours dans le sens de la musique, sans bavardage, en un mot, avec instinct. Plutôt qu'une nouvelle pierre à l'édifice parfois boursouflé du jazz-rock-prog, "caillou" est un petit gravier qui pourra gratter dans le fond de la chaussure, mais prendra l'éclat d'une pépite à force de réécoute.
Franpi BARRIAUX - CITIZEN JAZZ - Novembre 2013
Il faut se méfier des nains de jardin. Toujours. Ils ont l’air guilleret et bonhomme, comme ça, au premier abord, mais quand vient la pénombre, ils prennent un petit air inquiétant, presque sournois. C’est ce qu’évoque la pochette de Caillou, et voici la musique qui en émane. La formation du batteur Philippe Gleizes, fidèle compagnon des aventures de Médéric Collignon, dont nous avions déjà évoqué la puissance sèche au sein de Gleizkrew, est un quartet perclus d’électricité ardente. Mais contrairement aux expériences précédentes du batteur, Caillou délaisse le côté « massif » pour une perpétuelle et flamboyante alternance entre rock et jazz portée par le Rhodes de Mathieu Jérôme et la guitare de Rudy Blas (déjà aperçu au côté de Mahmoud Ahmed). « Païens », signé par le guitariste, suit ce schéma, où l’électricité semble se heurter en tout sens à une rythmique très complexe, malgré les apparences.
Caillou pourrait être la traduction littérale de rock, évidemment. Mais toutes les roches n’ont pas le même minerai. Celui-ci s’est longtemps sédimenté dans le magma en fusion et chauffé auSoleil Zeuhl, jusqu’à en devenir magnétique. Quand on plonge dans le maelström d’un morceau comme « Tomahawk », la batterie de Gleizes instaure un mouvement que la basse grasse de Charles Lucas orne de reflets métalliques quasi irrespirables. Rien n’est jamais acquis dans cette musique polymorphe et houleuse. Très vite, le Rhodes rappelle le quartet à ses origines, puis s’échappe dans une bulle de jazz électrique éventrée par la guitare qui, dans le bruit et la tempête, fait réapparaître dans la clarté un Caillou qui se repaît des zones d’ombres.
L’ombre, où les morts vont vite, est d’ailleurs le thème de « Les Carpates », sans doute le plus intéressant de l’album : si Gleizes signe avec « Victor F. », en début d’album, un hommage à Frankenstein à vous faire rajeunir la Hammer, ce morceau illustre la célèbre scène de l’attelage infernal qui conduit Jonathan Harker à sa perte Dans le Bram’s Stoker Dracula de Francis Ford Coppola. Le morceau, par moments irrespirable, nous entraîne dans une troublante dérobade où la guitare de Blas creuse des abysses suffocants. On donc raison de se méfier des nains de jardin ; mais celui-ci, tout inquiétant qu’il soit, mérite d’orner toute bonne étagère.
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Aymeric Leroy - BIG BANG Magazine - Novembre 2013
Flash-back : début 2007, le sextette Dr Knock donne au Triton ce qui se révèlera son ultime concert, faisant la part belle à des compositions inédites destinées à un deuxième album qui ne verra finalement jamais le jour. Une prestation qui débute et s'achève par deux compositions du batteur Philippe Gleizes : "Victor F." et "Carpates". Cinq ans plus tard, après avoir consacré l'essentiel de sa considérable énergie au Jus de Bocse de Médéric Collignon (auteur l'an dernier d'un remarqué hommage à King Crimson), revoici notre homme à la tête d'un quatuor baptisé Caillou, dans lequel on retrouve un autre ex-Knock, le pianiste Matthieu Jérôme.
Le projet est né en 2011 au cours d'un séjour prolongé en Bretagne. Ayant accumulé au fil des ans de nombreuses compositions personnelles, Gleizes convainc trois jeunes musiciens du cru de l'aider à leur donner vie. Un changement de claviériste plus tard, c'est toujours dans le Morbihan que Caillou a enregistré son premier CD éponyme, dont la publication a été confiée au décidément incontournable Alain Lebon, sous l'étiquette Soleil Mutant. Comme on l'aura deviné, les deux morceaux cités plus haut en constituent logiquement deux des pièces de résistance.
Découvrir Philippe Gleizes, devenu depuis une dizaine d'années l'un des batteurs qui comptent sur la jeune scène jazz française, dans le rôle de meneur et principal compositeur d'un groupe (ses acolytes signant tout de même, à eux trois, une petite moitié de l'album) ne surprendra que ceux qui ignoraient qu'il avait déjà fait de même dans les années 1990 avec Chewbacca, formation d'obédience zeuhl dont faisaient également partie les ex-Xaal Jad Ayache et Stéphane Jaoui, ainsi que la chanteuse Himiko Paganotti. Une composition de cette époque, "Nébuleuse", conclut d'ailleursCaillou, hélas dans une version shuntée prématurément (renseignements pris, la suite n'avait pas été jugée satisfaisante, d'où l'idée de substituer au reste un ghost track, "Newtown The King", témoignage de la première formule du quatuor, avec Jeff Alluin aux claviers), à prendre comme un avant-goût d'une "Part 2" prévue pour le prochain album.
Renonçant à la paire sax/trompette de Knock, Gleizes a fait le choix d'une configuration à quatre - guitare, Fender Rhodes/synthé Korg, basse et batterie - identique à celle de ses amis de One Shot, sans pourtant qu'il y ait entre les deux quatuors des ressemblances plus que fugaces et superficielles. Question de voix solistes sans doute, d'écriture surtout. Si l'on peut parfois reprocher à One Shot de recourir systématiquement au même type de structures, avec l'expression soliste comme principale finalité, il y a chez Caillou un refus clair de toute uniformité, un sens plus appuyé des contrastes et une scénarisation plus travaillée de son propos. Alternent ainsi compositions à tiroirs solidement charpentées, plages de transition ou de contraste atmosphérique, séquences linéaires propices à une expression soliste généreuse mais toujours dosée avec soin, et pièces plus condensées, à l'impact plus immédiat ("Païens", du guitariste Rudy Blas). Avec, à chaque fois, des thèmes mémorables, que le registre choisi soit celui de la scansion tribale ("Tomahawk") ou d'un parti pris plus mélodieux.
Sans reléguer, loin s'en faut, ses camarades à des rôles de faire-valoir, Gleizes mène clairement la barque, propulsant l'ensemble avec l'énergie débridée et l'investissement physique total qu'on lui connaît, mais sachant aussi oeuvrer dans la finesse et la retenue (la montée en régime très maîtrisée de "200 Toiles"). Plus qu'à la zeuhl, malgré les raccourcis que pourraient encourager sa récente participation à la reformation du Offering de Christian Vander (et tout de même quelques séquences qui s'y rattachent, comme la jubilatoire partie centrale des "Carpates"), sa musique renvoie à l'esthétique du premier Lifetime de Tony Williams, voire du Miles Davis deLive/Evil (l'utilisation fréquente de la saturation, y compris sur le Rhodes) : du jazz (très) électrifié en somme, mais suffisamment "européanisé" (autrement dit, écrit et structuré) pour flirter d'assez près avec une optique progressive.
Bien que constitué de solistes performants (on citera en particulier les chorus de guitare dans "Les Carpates" et des Rhodes dans "Victor F."), c'est avant tout par l'interaction permanente, organique, entre les quatre musiciens et leur ferveur contagieuse que Caillou emporte l'adhésion (il suffit d'écouter "Dancing'dogz" pour s'en convaincre). Et si c'est évidemment en concert que le groupe donne sa pleine mesure, il est rare qu'un disque studio réussisse à capter aussi bien l'énergie propre à la scène. Alors guettez les prochaines apparitions scéniques du quatuor (il est notamment question d'une participation à l'édition 2014 du festival RIO), mais ne passez surtout pas à côté du CD !
On le trouve généralement sur la route, on le trouve parfois dans sa chaussure, on le trouve d'autres fois affublé d'un poil (c'est toujours mieux que dans la main ; bref, où qu'il aille ou quoi qu'il fasse, l'homme se trouve tôt ou tard confronté à la réalité du...caillou ! Arrondi ou coupant, lisse ou mal dégrossi, ce bout de roche est de nature ambivalente.
Traduite en sons, la nature du caillou engendrerait en toute logique une musique pleine de reliefs et d'énergie brute, aux dissonances contondantes et aux motifs rondement menés. Ce serait une musique qui frotte, qui arrache, qui étincelle, qui fout le feu au plancher et vous fait tituber comme si vous marchiez sur une plage de...galets. Mais, comble de raffinement, cette musique ne serait pas du roc...pardon, du rock. Enfin, pas que. L'autre source où elle puiserait son énergie serait le jazz. La musique "caillouteuse" serait le fruit d'une alchimie entre jazz et rock, une fusion des matériaux à haute température. Faites mijoter, laissez bouillir, euh...laissez bouillonner, sédimentez, et vous obtenez la musique que joue le groupe français baptisé...MAGMA ? Non, CAILLOU, bien sûr!
Ne commettez pas d'impair, sans quoi vous risquez de déclencher dans toute son immensité la fureur effroyablement addictive de Philippe GLEIZES, il est vrai batteur de son état - comme d'autre - et qui, outre son groupe GLEIZKREW, son implication dans le JUS DE BOCSE de Médéric COLLIGNON et dans la comète UNITED COLORS OF SODOM, s'est fait récemment embaucher chez... OFFERING ! On l'a aussi entendu chez N'WALK, un trio qu'il partage avec Bruno RUDER et James McGAW, deux Kobaïens de la jeune génération. Alors certes, il y a de quoi s'y perdre (ou s'y retrouver, c'est selon).
Mais si la confusion est humaine, la fusion (du magma) est bel et bien l'affaire de CAILLOU. Et pour éviter d'entretenir la confusion, son premier album n'est pas sorti sur Soleil Zeuhl (c'était trop facile), mais sur son petit cousin Soleil Mutant. Car mutante en vérité est la musique de CAILLOU, même si sa palette instrumentale prend indubitablement modèle sur la fusion électrique des 70's : guitare (Rudy BLAS), basse (Charles LUCAS), batterie (Philippe GLEIZES), Fender Rhodes et synthé Korg (Mathieu JERÔME), soit une configuration similaire au quartette ONE SHOT, ce qui n'est évidemment pas un hasard. Mais cette parenté instrumentale ne doit pas laisser croire à une stricte copie musicale entre les deux formations. Plus structurée et plus contrastée est la musique de CAILLOU, dont le souffle épique et la haute teneur énergétique n'ont rien à envier à d'autres évoluant dans un créneau proche.
Comme on peut s'y attendre, la paire rythmique s'y déploie sur le mode "feu d'artifices", avec un Philippe GLEIZES au jeu de batterie fiévreux, farouche, débridé, mais sachant aussi se faire discret et raffiné par endroits. GLEIZES n'écrase pas, il propulse. Les lignes de basse de Charles LUCAS explorent toutes les sinuosités dont elles sont capables, expectorant ça et là des grondements chtoniens qui évoquent, il faut bien l'avouer, ceux de Jannick TOP. Les deux instruments s'y entendent à cultiver des cadences imparables et subjuguantes.
Quant à la guitare de Rudy BLAS et aux claviers de Mathieu JERÔME, s'ils ne se privent pas de palabres solistes rivalisant de flamboyance, ils savent également jouer la carte du ciselage sonore et atmosphérique, prouvant qu'ils ne sont pas que des wagons de seconde classe tirés par la locomotive rythmique. De toute façon, l'impact de CAILLOU est le résultat d'une cuisine collectivement épicée et interactivement saucée. Chaque musicien met la main à la pâte de chaque morceau et en a au moins écrit un ou deux.
De fait, les sources d'inspiration de CAILLOU se révèlent multiples, du LIFETIME de Tony WILLIAMS à MATCHING MOLE, en passant par Miles DAVIS et NATIONAL HEALTH, et bien entendu quelques reliefs Zeuhl joliment escarpés, à partir desquels CAILLOU a peint son propre univers. Celui-ci est constitué de 200 Toiles maculées de teintes expressionnistes, sur lesquelles s'esbaudissent des Païens bourrus prompts à l'usage du Tomahawk, ou des "chiens dansants" qui ne manquent évidemment pas de mordant et qu'on ne peut tenir en laisse.
Ont été également incrustés un personnage et une scène mythique du cinéma fantastique, de Frankenstein (l'effervescent Victor F.) à Dracula (Les Carpates et leur cavalcade échevelée en chariot fantôme). Et parce que cette musique est du genre à se mettre sur orbite, on y trouve de même des Spirales aux tourneries grisantes, et une Nébuleuse qui part en couilles, s'évaporant trop tôt, faisant fonction de "cliffhanger" pour l'album suivant, avant que se glisse une scène coupée "untitled", non annoncée dans le programme.
On le voit, chez CAILLOU, les toiles sont hautes en couleurs et en reliefs, les pellicules sont furieusement inflammables et les poussières d'étoiles imparablement hypnotiques. Ah ! J'oubliais: et les nains de jardin ont un regard frondeur et un rire sardonique ! CAILLOU, où l'autre art de cultiver son jardin...
Pierre Nanson PROG-RESISTE 75 - 1er trimestre 2014
Bien-sûr, vous lisez Pierre en signature et vous pouvez en conclure que CAILLOU n'est pas tombé inopinément dans mon jardin au milieu de ce magazine de roc...pardon, de rock progressif. Bien sûr, tout cela ne me laisse pas de marbre, car sous le granit de cette sobre appellation se cache un véritable petit diamant, et qu'au delà, on peut même sentir les vibrations de Magma. Cet amas de rock fut créé en Bretagne en 2011 par le batteur parisien Philippe Gleizes et le guitariste Rudy Blas (il n'y a pas de jeu de mot). Le quatuor est bouclé par Matthieu Jérôme aux touches et Charles Lucas à la basse. Ici, donc, JR a encore frappé ! JR pour jazz rock bien entendu dans une évolution jazz libre entropique, part belle à l'impro donc. Et qui dit JR et entend Magma écoute ici Caillou. Ce style psyché avec des sonorités 70's dans le genre Pink Floyd s'interprète ici avec une production de notre époque. Le thème récurrent de l'album se découvre progressivement sur Hum Hum, le morceau initial, et ses atmosphères inquiétantes ; sur Goban avec son ambiance lente et mystérieuse ; sur Victor F. (F pour Frankenstein bien entendu) où la douleur se mue en rage destructrice et musicale ; Les Carpates, en hommage à une scène de film Dracula de F.F.Coppola où la basse devient meurtrière et sur 200 Toiles qui fait pour le lien avec le fabuleux Morte Macabre de nos amis suédois de Landberk et Anekdoten. D'autres morceaux sont également riches en extravagances musicales. Tomahawk puis Spirales nous frappent en pleine oreille, après un roulement initial fait de percus ethniques secoué de dissonorités, le clavier nous entraîne dans un tourbillon jazzy qui pourrait rappeler Return to Forever, mais complètement retourné à l'état sauvage. Païens refoule le jazz dans une rapide entropie. La batterie y est impériale. Vous me direz entropie et impérial, cela revèle de l'oxymore, sans doute, sans doute... Cela ne s'explique pas vraiment, cela s'écoute d'abord. Les claviers en boucles nuageuses de Dancin'Dogz tourbillonnent en cycles soufi. Après un énervant silence, la Nébuleuse explose dans une finale, quoique convenue, dans un genre hyper-lumineux qu'on apprécie toujours. Voilà une créature musicale hybride, un monstre qu'on aimerait bien voir se reproduire rapidement.
JAZZ-O-CENTRE - Avril 2014
Il y a « Hum Hum », entrée en matière d’une délicatesse inquiétante, comme un rusé matou toisant une souris d’un sourire narquois. Quelques plages plus loin, il y a « Les Carpates », presque 9 minutes de fulgurances électriques portées par une basse grondante, éclairées d’un jeu de cymbales précis et tranchant comme on en entend trop rarement. De toute façon, on est déjà accro. Parti dans un retour vers le meilleur de la musique qu’on aurait tellement aimé vivre en direct, ce début bouillonnant des années 70 où les accents rugueux du rock offraient à de jeunes jazzmen noirs américains les horizons binaires d’une refondation libertaire. Le jazz-rock n’a jamais été autre chose que ce cri, dans la continuité des solos exploratoires de Coltrane et des expérimentations psychédéliques de Miles. Le Caillou de Philippe Gleizes et ses excellents compagnons de route est de cette veine, celle d’un minerai rare, irradiant d’une énergie brute et d’une inspiration lyrique. Qui ne sont pas sans rappeler, ce n’est pas un hasard, l’univers de Christian Vander et Magma. On pense aussi à Jannick Top, qui ne renierait sûrement pas l’infernale mécanique du morceau intitulé « Dancin’ Dogz » ! Pas question pour autant de réduire l’album de Gleizes à cette géniale parentèle. L’urgence lyrique qui le transcende lui est propre. Et sous la fureur, cette beauté mélodique qui affleure promet d’étincelants ailleurs… Beaucoup d’émotions, pour un Caillou !